
Yggdrasil, l'arbre monde dans la mythologie nordique
Brave Viking, tu cherches à en savoir davantage sur la spiritualité des Vikings ? Tu cherches à tout savoir sur Yggdrasil ? Quelle est la place de l’Arbre Monde dans le contexte nordique ? Quelle est l’étymologie de l’arbre fournissant l’axe de l’univers ? Quelles sont les représentations mythiques du plus grand des frênes ? Quelle est la place de la demeure de Mímir dans la religion nordique ? Quelles sont les perspectives théoriques sur l’arbre aux trois racines ? Quels sont les homologues de l’arbre ayant survécu au Ragnarök ? Ne cherche plus : tu as trouvé ce qu’il te fallait.
1) Yggdrasil dans un contexte nordique.
Dans la mythologie scandinave, Yggdrasil (en vieux norrois : Yggdrasill) est un gigantesque frêne européen (appelé « Arbre Monde ») qui fournit l’axis mundi – l’axe de l’univers – réunissant les différents royaumes des dieux, des géants ainsi que des humains.
D’après la science nordique des lois physiques de l’Univers et de sa formation, les gigantesques branches de l’arbre connectent les divers royaumes d’Asgard (le royaume des Ases), de Vanaheim (le royaume des Vanes) et d’Álfheim (le royaume des elfes).
L’axe du monde est matérialisé par le tronc de l’arbre. Cet axe traverse le cœur de Midgard (le royaume des humains) et (selon certains récits) de Jötunheim (le royaume des géants).
Aux alentours de son pied sont rassemblés les royaumes du monde souterrain, dont Niflheim (le monde souterrain gelé dirigé par Hela et habité par les morts non vertueux), et Muspellheim (le royaume du géant des flammes Surt (en vieux norrois : Surtr)).
La cosmologie nordique conjecture un univers divisé en neuf mondes interdépendants, dont certains ont attiré une attention mythologique beaucoup plus importante.
Il existe une triple séparation de l’univers entre : les royaumes des dieux (Asgard et Vanaheim) ; le royaume des mortels (Midgard) ; le royaume des morts (Niflheim). Cette séparation était d’une importance primordiale dans la cosmologie nordique.
Ces royaumes étaient soutenus par l’énorme arbre Yggdrasil, avec les royaumes des dieux enchâssés parmi les branches supérieures, le royaume des mortels environ à mi-hauteur de l’arbre (et encerclé par une mer impassable), et le monde souterrain niché parmi ses racines.
Les autres royaumes comprenaient Álfheim, Svartalfheim (le monde des elfes noirs), Jötunheim (le monde des Jötunn), Nidavellir (le monde des nains) et Muspellheim (le royaume du feu infernal).
Si tu veux aussi avoir la force de supporter des royaumes sur tes épaules, tu peux visiter notre collection de Bracelets Yggdrasil.
2) L’étymologie d’Yggdrasil.
L’étymologie la plus communément acceptée du nom de l’Arbre Monde est ygg (signifiant « redoutable ») et drasil (signifiant « destrier »). Yggr (signifiant « le redoutable ») est un terme employé occasionnellement pour décrire Odin et « destrier » est un kenning (allusion poétique) scaldique commun pour la potence.
En tant que tel, le nom de l’arbre lui-même fait allusion à l’épisode mythique du sacrifice d’Odin sur un énorme frêne (entrepris pour l’initiation à la magie runique).
Bien que le nom puisse également être interprété plus largement comme « cheval redoutable », cette possibilité n’a pas les résonances mythiques de l’option précédente.
Fjölsvinnsmál, un poème de l’Edda poétique, désigne l’Arbre Monde sous l’appellation de Mimameid (en vieux norrois : Mímameiðr, signifiant « l’arbre de Mímir ») – une référence au dieu de la connaissance dont le puits était niché au sein des racines de l’arbre.
Très probablement, l’arbre peut également être identifié à Lærad (en vieux norrois : Læraðr), un arbre enraciné au Valhalla, dont les pousses et les feuilles fournissent de la nourriture à la chèvre Heidrun (en vieux norrois : Heiðrún) et au cerf Eikthyrnir (en vieux norrois : Eikþyrnir) qui vivent sur la toiture de la salle divine.
3) Les représentations mythiques d’Yggdrasil.
A. Yggdrasil, l’élément fondateur de l’univers.
Au sein de la cosmologie scandinave, Yggdrasil a fourni l’axe de l’univers qui a uni les différents royaumes des dieux, des géants et des humains. Cette compréhension est démontrée tout au long de l’Edda en prose et de l’Edda poétique.
L’identité entre le cosmos et l’arbre est attestée dans la Völuspa, où la sibylle décédée l’utilise comme métonymie pour décrire l’universalité de son savoir :
« Neuf mondes je connaissais, | les neuf dans l’arbre
Avec des racines profondes | sous la moisissure. »
De manière plus spécifique, le Grímnismál, une section de l’Edda poétique, donne une vue d’ensemble claire de la perspective nordique sur la signification cosmologique de l’arbre :
« Trois racines, il y a | que trois chemins parcourent
Sous le frêne Yggdrasil ;
Sous le premier vit Hel | sous le second les géants du gel,
Sous le dernier sont les terres des hommes.
Ratatosk est l’écureuil | qui y courra
Sur le frêne Yggdrasil ;
Du haut des mots | de l’aigle qu’il porte,
Et il les dit à Nídhögg en dessous.
Le frêne Yggdrasil | souffre d’un grand mal,
Bien plus que les hommes ne le savent ;
Le cerf ronge son sommet, | son tronc est en train de pourrir,
Et Nídhögg ronge en dessous. »
Ce récit démontre explicitement la fonction du frêne mystique dans le fondement de l’univers, avec des racines au sein des royaumes inférieurs et des feuilles au sein du royaume des dieux.
De manière intrigante, ce récit affirme aussi implicitement le pessimisme (voire le fatalisme) de la vision nordique classique du monde, puisqu’il décrit l’Arbre Monde constamment victime des cerfs qui dévorent ses feuilles, et un dragon (Nídhögg, signifiant « Souffle Maléfique ») qui ronge constamment ses racines.
Malgré ces influences maléfiques (ou du moins entropiques), Yggdrasil était destiné à survivre jusqu’à la bataille cataclysmique de Ragnarök.
Cette vision de l’arbre divin est prolongée par Snorri Sturluson, qui a dressé le tableau détaillé suivant dans le Gylfaginning :
« De tous les arbres, le frêne est le plus haut : ses ramures sont présentes sur l’ensemble du monde et se dressent au-dessus du ciel. Trois racines de l’arbre le soutiennent et sont extrêmement larges : l’une se situe parmi les Ases, une autre parmi les Géants des rives, à l’endroit où se situait auparavant le Vide Béant, la troisième est au-dessus de Niflheim, et Hvergelmir réside sous cette racine, et Nídhögg ronge la racine du bas. »
La seule différence majeure entre les deux récits est le placement d’une racine dans Asgard plutôt qu’au sein du monde des humains. La version de Snorri continue ensuite, notant que sous chaque racine est logé un puits.
Sous la racine de Niflheim se trouve Hvergelmir (signifiant le « chaudron hurlant »), compris comme étant la source de tous les fleuves froids.
Sous la racine de Jötunheim, on trouve Mimirsbrunn (signifiant le « Puits de Mímir »), où sont stockées la sagesse et l’intelligence.
Sous la racine de Niflheim se trouve Urdarbrunn (signifiant le « Puits d’Urd », le destin), qui est le foyer des Nornes.
Tu aimes l’Arbre Monde au point de l’avoir dans la peau ? Alors visite notre collection de Tatouages Yggdrasil !
Snorri suggère que les dieux se rendent à cet endroit tous les jours pour tenir leur tribunal et rendre leur jugement (qui, il faut le supposer, est dirigé contre leurs constituants mortels).
Dans cette histoire, les Nornes se voient également attribuer une fonction vitale dans l’entretien de l’arbre, puisqu’elles sont décrites comme étant responsables de l’arrosage de l’arbre et de l’enracinement de ses racines dans une riche terre arable.
Compte tenu de son rôle et de sa stature impressionnants, on peut comprendre qu’Yggdrasil ait été associé avec les idées d’éternité et de permanence :
« Mimameid [l’Arbre de Mimir] est son nom, | et aucun homme ne sait
Quelle racine se trouve en dessous ;
Et peu peuvent deviner | ce qui fera tomber l’arbre,
Car ni le feu ni le fer ne le feront tomber. »
Toutefois, cette permanence devait être mise à rude épreuve, car l’Arbre Monde était destiné à être ébranlé jusqu’à ses racines durant la bataille eschatologique de Ragnarök, qui a marqué l'histoire.
B. Yggdrasil durant le Ragnarök.
Lorsque les légions de géants (dirigées par Loki) convergent vers les salles des dieux, on dit que Heimdall se hâtera d’atteindre la base de l’arbre et de déterrer le Gjallarhorn (la grande corne), puis qu’il soufflera dans cette corne, signalant l’avènement de l’apocalypse.
Dans la bataille qui suit, où tous les Ases sont destinés à tomber au combat avec leurs némésis, Yggdrasil (la fondation de l’univers) « tremble, | et frissonne en haut | les membres anciens ».
Suite à ces signes inquiétants, l’ordre céleste lui-même commence à s’effondrer :
« Le soleil devient noir, | la terre s’engloutit dans la mer,
Les astres chauds qui descendent | du ciel sont tourbillonnés ;
La vapeur et la flamme qui alimentent la vie | grandissent avec force,
Jusqu’à ce que le feu s’élève | jusqu’au ciel lui-même. »
Malgré cette calamité, le fait qu’un nouveau monde émergera de la braise implique que l’arbre lui-même (en tant que « racine » figurative du cosmos) ne sera pas entièrement détruit dans le conflit.
Tu veux montrer que tu es prêt à affronter n’importe quel défi ? Alors visite notre collection de Colliers Yggdrasil !
En effet, cette supposition est validée par le récit des deux survivants humains de l’apocalypse (Líf et Lífþrasir), qui survivent en s’abritant dans les branches d’Yggdrasil :
« Odin a parlé :
« J’ai beaucoup souffert, | j’ai beaucoup trouvé,
J’ai beaucoup reçu des dieux :
Que vivra l’humanité | quand viendra enfin
Le grand hiver pour les hommes ? »
Vafthruthnir a déclaré :
« Au cœur du bois de Hóddmímir | se cacheront
Alors Líf et Lífþrasir ;
Ils auront pour viande | les rosées du matin,
Cette nourriture, les hommes la trouveront ». »
4) Yggdrasil dans la religion nordique.
Au vu de la place fondamentale qu’occupe Yggdrasil dans la cosmologie scandinave, il est légitime d’instaurer des analogies entre cette abstraction mythologique et la prédominance des arbres (tant physiques que métaphoriques) au sein des rites scandinaves.
A. Yggdrasil et les sacrifices.
La coutume nordique de suspendre les victimes sacrificielles à des arbres pourrait facilement s’être étendue dans le cadre de cette légende, où la victime pouvait être vue comme jouant le rôle d’Odin.
Tous les neuf ans, neuf victimes masculines (de chaque type de créature) sont sacrifiées pour obtenir les faveurs des dieux. Les victimes sacrifiées sont suspendues au cœur d’un bosquet, et les arbres qui y demeurent sont vus comme sacrés.
B. Yggdrasil et la vénération des arbres.
Yggdrasil avait apparemment des homologues plus petits dans l’arborescence sacrée d’Uppsala. Le premier est un gigantesque conifère de catégorie indéterminée qui se situait au Temple d’Uppsala. Le second, Irminsul, est un frêne honoré par les Saxons non Chrétiens dont on disait qu’il reliait le ciel et la terre.
De manière plus large, les arbres sacrés constituaient un facteur essentiel des rites scandinaves, du chamanisme ainsi que des sorts de soin.
5) Les perspectives théoriques sur Yggdrasil.
Mircea Eliade suggère qu’Yggdrasil joue le rôle d’axis mundi – axe cosmique – reliant le monde du sacré (Asgard) au monde du profane (Midgard). Il affirme que le but premier de la religiosité humaine est de faire l’expérience du sacré (et, si possible, de s’y unir).
Comme le sacré est souvent décrit comme un monde extraterrestre ou autrement transcendant, une sorte de rapprochement divin doit se produire pour que ce désir fondamental soit satisfait.
Mircea suggère que, par un effort individuel ou collectif, le fossé spirituel peut être comblé, ce qui permet une « communication » entre ces royaumes :
« Cette communication s’exprime parfois à travers l’image d’un pilier universel, axis mundi, qui relie et soutient à la fois le ciel et la terre et dont la base est fixée à l’intérieur du monde du dessous. Un tel pilier cosmique ne peut être qu’au centre même de l’univers, car tout le monde habitable s’étend autour de lui. »
De cette façon, l’axis mundi fournit les preuves expérimentales que le fossé entre le sacré et le profane peut être surmonté par les êtres humains.
6) Les homologues d’Yggdrasil dans d’autres religions.
Il est intrigant de constater que l’accent mis par la mythologie nordique sur l’Arbre Monde, qui est au cœur de leurs schémas cosmologiques, est parallèle à l’importance de l’arbre de vie qui est présent dans d’autres religions. Par exemple, le judaïsme et le christianisme placent tous deux un arbre au centre de leurs histoires de création.
De même, Mircea Eliade explore l’image spécifique des arbres cosmiques au cœur de la mythologie scandinave et établit des comparaisons intéressantes avec d’autres cultures. Il explique que l’image de l’arbre a été choisie non seulement afin d’incarner l’univers mais également dans le but de représenter la fécondité, la juvénilité, la vie éternelle, la raison.
L’Yggdrasil des mythes germaniques n’est pas le seul arbre cosmique. Par exemple, l’histoire des religions consigne des arbres de fécondité (en Mésopotamie), de vie éternelle (en Asie et dans l’Ancien Testament), de raison (dans l’Ancien Testament), de juvénilité (en Mésopotamie, Inde et Iran), etc.
Autrement dit, l’arbre a finalement symbolisé l’ensemble des choses que l’homme spirituel considère comme éminemment réel ainsi que sacré, c’est-à-dire, ce que l’homme comprend que les dieux bénéficient en vertu de leur nature divine et qui est peu atteignable, même par les personnes favorisées.
7) Brave Viking, rejoins ton clan !
Si tu as terminé la lecture de cet article, cela veut dire que tu voulais véritablement tout savoir sur Yggdrasil, l’Arbre Monde dans la mythologie nordique : seulement un amateur serait arrivé jusqu’ici. D’ailleurs, Viking Clan propose des centaines de produits sur les Vikings : Tatouages, Bagues, Bracelets, etc., tout un arsenal !
Tu as aimé cet article ? N’hésite pas à nous donner ton avis dans les commentaires, et à partager des représentations sur le frêne sacré !
Ton chef de clan, Ragnar Lothbrock.